BIFFF 2013 – Grabbers : boire ou périr, il faut choisir

Publié le par hibou

Le pire ennemi d’un irlandais est l’eau. Heureusement sur Erin island, on n’en boit assez peu et l’agent O’shea encore moins que les autres. Il faut dire qu’à part la pêche, l’église et le pub, l’île offre assez peu de divertissement. Mais comme dit l’agent Lisa Norton, fraîchement émoulue de Dublin, c’est toujours dans les coins les plus tranquilles que se produisent les pires faits-divers.
Comme de par hasard, des touristes d’outre-espace ont justement pris la première comète en partance pour s’installer dans les environs. Ces derniers pourraient être sympathiques avec leurs jolis tentacules et leurs  dentitions parfaites, mais ils ne supportent pas l’alcool, crachent partout et ont la mauvaise habitude de manger les insulaires. Dès lors un repli stratégique au pub semble être le meilleur moyen de leur échapper.
Grabbersest une comédie de monstre irlando-britannique, à l’humour caustique et fortement ironique qui n’est pas sans rappeler celui de Martin McDonagh (Bons Baisers de Bruges). Loin de la parodie ou de la caricature, le scénario s’amuse des clichés du genre tout en les respectant.  Une galerie de personnages stéréotypés, unis par une maladresse et des préoccupations assurément humaine, y fait face à des animaux aquatiques extraterrestres tentaculaires.
Ces derniers sont d’ailleurs assez réussis et agréablement crédibles pour des créatures réalisées en effets numériques. Franchement peu avenantes, elles ne sont que rarement tournées en dérision, à l’exception d’une scène complétement loufoque, qui du coup n’est pas sans évoquer l’esprit de Gremlins.
Ce qui fait la richesse de Grabbers c’est essentiellement ses dialogues décalés, servis par des acteurs convaincants. Ils parviennent à rendre sympathique les ressorts scénaristiques les plus éculés. Ruth Bradleynous offre notamment une performance détonante, son personnage Lisa étant saoule près de la moitié du film.
Vous l’aurez compris Grabbers ne se prend pas au premier degré, mais n’en est pas pour autant un ersatz de Shaun of the dead. Malgré un scénario et des personnages en apparence simplistes, c’est un divertissement délicieusement acide avec  sa propre personnalité.
Les allergiques à l’humour anglais pourront toujours voir dans ce film une publicité pour l’Irlande, ses paysages, sa musique, ses pubs. Le réalisateur Jon Wright nous donne en effet  à voir une véritable carte postale et recréé une atmosphère qui rendrait nostalgique n’importe quel humble voyageur, qui a un jour traîné ses guêtres dans le pub d’une île anglophone.
Si Grabbers n’offre pas autant de degré qu’un whisky écossais, il se déguste avec plaisir comme une bonne pinte, un soir d’août, au pub de Lochboisdale.

 

Article publié sur le site www.discordance.fr

Publié dans Critiques

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